Théâtre de l'Alliance Française

HISTOIRE DU THÉÂTRE DE L’ALLIANCE FRANÇAISE

L’Alliance Française

Depuis sa création, en 1883, l’Alliance Française contribue de manière massive et originale au développement et au rayonnement de la langue française dans le monde. Implantée aujourd’hui dans 135 pays, des grandes capitales aux petites villes, l’Alliance Française propose un enseignement de qualité, des certifications internationales, mais aussi une offre culturelle indissociable de l’apprentissage de la langue française.

La plus grande ONG culturelle au monde, constituée de plus de 830 établissements autonomes de droit local, s’appuie sur un modèle unique et moderne, porté par les sociétés civiles locales, fondé sur le dialogue interculturel. L’Alliance Française, par son cadre associatif et entrepreneurial, son ancrage local, son indépendance, son expertise, est un acteur incomparable du développement de la langue française.

Le Théâtre de l’Alliance Française

Créée pour diffuser la langue et la culture françaises à l’étranger, l’Alliance Française a rapidement joué un rôle important en France, notamment à travers son théâtre parisien. Celui-ci a connu au cours des décennies différentes appellations pour différentes programmations.

Le théâtre de l’Alliance Française, sur la rive gauche de Paris, est créé pour prendre la relève de petites salles qui ont dû fermer, faute de moyens financiers, et accueille des compagnies dont les fermetures successives ont été mises à la rue. C’est l’ère où le théâtre de boulevard, rive droite, triomphait à cette époque face au théâtre d’auteur.

1956/1964 : le « Théâtre d’Aujourd’hui »

Dans un grand projet d’agrandissement, le secrétaire général de l’époque, Marc Blancpain, a fait rehausser l’immeuble du 101 boulevard Raspail (6e arrondissement de Paris) et a fait construire, au fond de la cour, une résidence universitaire de 8 étages avec 125 chambres, un restaurant, un bar et un théâtre qui baigne alors, dans l’effervescence intellectuelle de jeunes étudiants du monde entier, venus apprendre le français.

C’est donc, au cœur du quartier littéraire de Montparnasse/Saint-Germain-des-Prés, qu’est inauguré, le 3 novembre 1956, le 57e théâtre parisien, le Théâtre de l’Alliance Française, sous le nom de « Théâtre d’Aujourd’hui ».

La compagnie Jacques Fabri inaugure cette nouvelle salle de spectacle (465 sièges) avec la représentation de « Misère et Noblesse » d’Edouardo Scarpetta, une pièce humoristique napolitaine où sont à la distribution : Claude Piéplu, Patrick Dewaere (enfant). La presse et le tout Paris sont présents (Albert Camus, Georges Duhamel, Emile Henriot, Danielle Mitterrand, le Comte de Paris…). Dès son ouverture, la salle remporte un véritable triomphe et la pièce se jouera, comme convenu, 30 jours. La programmation aura ensuite un ton plus sérieux avec la pièce polonaise d’Ana Langfuss « Les Lépreux ». Le 3e spectacle rencontrera davantage de succès avec « Ivanov » d’Anton Tchekhov. Le 4e, « Les Coréens » de Michel Vinaver, verra sur scène les premiers pas de Coline Serreau, en compagnie du chanteur Greame Allwright. Le théâtre respecte la réglementation de la Société des Auteurs en programmant une pièce française pour 2 pièces étrangères.

Le théâtre n’est jamais vide et les jours de relâche, étudiants ou membres de l’association, l’occupent pour des activités culturelles diverses (cinéma), des cours publics, des conférences, des « Lundis dramatiques » de Georgers Lerminier, des émissions de radio du Club de l’Essai et de la RTF. Le théâtre accueille aussi des spectacles extérieurs comme des poèmes lus par Michel Picoli, Laurent Terzieff, Claude Piéplu.

La Maison de la Radio n’existant pas encore, la plus vieille émission radiophonique française « Le Masque et la Plume » est enregistrée en public, au théâtre jusqu’en 1963. Le Masque enregistre une lecture de « La mort du Cygne » de Tchehov, avec Jacques Mauclair et dès lors, les lectures à haute voix (émission de Michel Polac) par des comédiens de renom, connaissent un succès fulgurant (« Nuance » de Cervantes lue par Jean-Louis Barrault, « Electre » de Sophocle par Silvia Montfort, « Cécile ou l’Ecole des pères » de Jean Anouilh par Michel Bouquet…). e théâtre devient rapidement un lieu incontournable pour de nombreux intellectuels, comme Jean-Paul Sartre et les artistes de cette époque, qui se donnent rendez-vous pour des débats littéraires et autres échanges fructueux et collaboratifs. En 1958, Serge Gainsbourg y réalise un des seuls concerts enregistrés avec son père.

Le théâtre va pratiquer ensuite, durant 3 saisons, un système de location à diverses compagnies.

La pièce d’Eugène Ionesco, « Le Roi se meurt », véritable prouesse sur la scène du théâtre par le décor imposant, est mise en scène par le directeur du théâtre de l’époque Jacques Mauclair (1962/1964). Le théâtre s’inscrit rapidement dans une programmation « d’avant-garde » et dans la mouvance des théâtres de la rive gauche. Programmant ce genre théâtral qui a joué un rôle crucial dans le développement du théâtre moderne, en introduisant de nouvelles formes de narration et de mise en scène qui ont repoussé les limites des conventions théâtrales traditionnelles, le théâtre de l’Alliance Française devient un lieu clé pour la diffusion et l’acceptation de ces œuvres souvent révolutionnaires.  Il y sera joué ensuite des pièces de Jean Genet, de Samuel Beckett, de Jean Cocteau, de Paul Claudel, avec de grands comédiens comme Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Jean Marais, Maria Casarès, Michel Bouquet, Jeanne Moreau, Annie Girardot…

Une variété de pièces allant des classiques du théâtre français aux œuvres contemporaines et innovantes sont présentées. Cette programmation diversifiée reflète l’esprit de cette période et le rôle de l’Alliance Française dans la promotion de la culture et des arts.

1966/1967 : le  « Théâtre d’Aujourd’hui » devient le « Théâtre Populaire de la Chanson »

Cette saison sera entièrement consacrée à la chanson et verra des interprètes non éloignés du théâtre y donner des récitals : Catherine Sauvage, Marcel Mouloudji, Jacques Douai.

En 1968, le théâtre retrouve son nom de « Théâtre de l’Alliance Française »

Il accueille en 1969, l’une des deux mises en scène que Jean Marais réalise le long de sa carrière : « Œdipe Roi » de Jean Cocteau.

Lors de la saison 1970/197, le théâtre présente un spectacle différent de sa programmation avec « Thérèse est triste », première réalisation à sketches de la troupe du « Vrai Chic Parisien » (issue du Café de la Gare) que dirige Coluche.

1971/1975 : nouvelles appellations « Théâtre Rive-Gauche » puis « Théâtre de l’A.C.T » (Animation culturelle théâtre)

 Le premier spectacle du Théâtre Rive-Gauche est composé de 3 pièces de Ionesco : « Les Chaises »,  « La Jeune Fille à marier » et « La Lacune » puis de « Macbett » (réécriture de Shakespeare) où joueront Brigitte Fossey et Geneviève Fontanel. Il y est programmé ensuite des « matinées classiques » et la remarquable création hilarante du « Tourniquet » de Victor Lanoux.

1975/1982 :  Fermeture du théâtre

Le théâtre ferme ses portes car il n’est plus aux normes de sécurité. Les travaux seront réalisés en 1980 grâce à une subvention du ministère de la Culture. En 1981, la gauche arrive au pouvoir et double le budget du ministère de la Culture.

1982 – Réouverture du « Théâtre de l’Alliance Française »

En1982, le théâtre accueille « la Maison des cultures du monde », association qui contribue à enrichir la connaissance des diverses formes du patrimoine culturel immatériel. Elle y présente depuis, chaque année le « Festival de l’Imaginaire » qui vise à promouvoir les arts et les traditions culturelles du monde entier, mettant en lumière des pratiques artistiques souvent méconnues ou marginalisées par des spectacles.

Le Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés organise dans le théâtre des concerts avec de grands jazzmen. Les colloques internationaux des Alliances Françaises s’y déroulent durant des décennies ainsi que des spectacles dans le cadre d’un programme culturel « Alliances en résonance » permettant à des pays de faire connaître des artistes locaux.

En 2015, le théâtre ferme à nouveau ses portes pour répondre une nouvelle fois aux normes de sécurité et se refaire une beauté. Il ne rouvrira qu’en 2017 en reprenant avec des rencontres littéraires mensuelles qui verront se succéder Boualem Sansal, Dany Laferrière, Amin Maalouf, Bernard Pivot, Yasmina Khadra, Amélie Nothomb, Alain Mabanckou, Leïla Slimani, Gaël Faye, Tahar Ben Jelloun, Laure Adler…

Avec un partenariat avec Radio France, « Le Masque et la Plume » revient enregistrer, depuis quelques années, son émission, en public, tous les jeudis, diffusée le dimanche sur France Inter ainsi que d’autres programmes musicaux.

Le théâtre, dispose désormais de 350 sièges est proposé à la location privée pour des séminaires, réceptions, spectacles… toujours dans un esprit culturel.

 


Quelques spectacles présentés au Théâtre de l’Alliance Française parmi plus de 150 de 1956/1975

Misère et Noblesse d’Edouardo Scarpetta par la Compagnie Jacques Fabri

Les Lépreux d’Anna Langfuss, mise en scène de Sacha Pitoëff (création)

Ivano d’Anton Tchekhov, par la Compagnie Jaques Mauclair (création)

Hommage à Brecht, montage de Geneviève Serreau et Antoine Vitez, mise en scène par Claude Régy

Les Coréens de Vinaver , mise en scène de Jean-Marie Serreau

Romersholm d’Henrik Ibsen, mise en scène par Gamil Ratib

Le Repoussoir de Rafael Alberti, par la Compagnie André Reybaz (création)

Médée d’Euripide par le Groupe de théâtre antique de la Sorbonne

Le Précepteur de Lenz, adaptation de Berthold Brecht par la Compagnie André Steiger

Amédée ou Comment s’en débarrasser d’Eugène Ionesco, mise en scène par Jean-Marie Serreau

L’Autre Alexandre de Marguerite Libéraki, mise en scène de Claude Régy (création)

Faust de Goethe, mise en scène de Michel de Ré

L’Ocandiera de Carlo Goldoni, mise en scène ce Maurice Sarrazin

La Cathédrale des Cendres de Berta Dominguez, mise en scène par Abel Gance

Humiliés et Offensés, d’après Fedor Dostoïevski, mise en scène d’André Charpak (création)

Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov, mise en scène de Sacha Pitoëff

Horace de Corneille par la Compagnie Jean Gilibert

Le Repas des Fauves de Vahé Katcha, par la Compagnie André Charpak (création)

Spectacle forain de Jean Cocteau, mise en scène de Pierre Richy

Noces de Sang de Federico Garcia Lorca, mise en scène de Pierre Chabert

L’Ecole des Femmes, de Molière, mise en scène Claire Duhamel

Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, ise en scène de Jaques Mauclair (création)

Le Barbier de Séville de Beaumarchais, mise en scène par Mario Franceshi

Le Voyage au Brésil de Guy Foissy, mise en scène d’André Louis Perinetti

L’Echange de Paul Claudel, mise en scène de George Henri Regnhier

Œdipe Roi de Jean Cocteau, mise en scène par Jean Marais

Judas de Marcel Pagnol, mise en scène par Serge Ligier

Thérèse est triste par la troupe du Vrai Chic Parisien dirigée par Coluche

Les Chaises, La Jeune fille à marier, La Lacune de Ionesco par la compagnie de Jacques Mauclair

Le Tourniquet de Victor Lanoux, mise en scène par Yves Bureau (création)

La Nuit des Dauphins de Remo Forlani