L’Alliance Française de Bethléem, située dans les Territoires Palestiniens Occupés, est fière de compter actuellement 120 étudiants à la semaine du niveau A1 à C1 et ce malgré la situation sécuritaire critique dans le pays.
Ces apprenants, dont la moitié sont des enfants et adolescents, ont la possibilité de continuer leur apprentissage grâce à la solidarité de partenaires, notamment la ville de Lourdes, la ville de Tinqueux, et les associations AHLAN Bethléem de Firminy et Pays de Loire-Gaza-Jérusalem de Saint-Herblain, qui ont répondu à notre appel de soutien à travers un parrainage financier.
L’enseignement et le bon fonctionnement de notre Alliance continuent également grâce au soutien inlassable du consulat de France à Jérusalem et à la détermination du conseil d’administration et de l’équipe de l’Alliance. Sur place, nous vivons au rythme de la guerre qui se déroule à Gaza, à 80 km de Bethléem. Notre district est assiégé comme toutes les autres villes de Cisjordanie, la circulation en est très limitée. À tout cela s’ajoute des incursions de l’armée israélienne dans la ville, nocturne ou matinale, qui paralyse la vie.
Dans les dix jours suivants le début de la guerre en octobre 2023, les volontaires travaillant à l’Alliance, deux services civiques et la coordinatrice pédagogique en VSI ont été obligés d’être évacuées. Nous n’étions plus que deux employés sur place, la directrice et la secrétaire et ce pendant deux mois jusqu’à ce que la coordinatrice pédagogique puisse revenir en décembre dernier.
Malgré ces épreuves, nos locaux sont toujours restés ouverts, étant conscients de notre rôle dont la dimension dépasse le culturel et l’enseignement: proposer un lieu dans un espace sécurisé où les apprenants et membres peuvent s’échapper de l’environnement extérieur durant cette crise que vit le pays.
Ne pouvant pour l’instant accueillir de nouveau des VSC, nous formons des palestiniens au métier de professeur, dont la plupart sont d’anciens étudiants de l’Alliance. Nous comptons à ce jour six professeurs palestiniens vacataires dans notre équipe.
Durant le premier semestre de l’année scolaire, l’Alliance a continué d’assurer les cours pour ces apprenants bien qu’ils n’aient pas réglés les frais d’inscriptions, la plupart, eux-mêmes ou leurs familles, ayant perdu leurs emplois ou n’ayant touché qu’une partie de leurs salaires en raison des évènements. Cette situation a mis l’Alliance en grande difficulté, les recettes de cours constituant plus de la moitié de ses revenus, le parrainage de nos partenaires français pour le second semestre est donc essentiel pour soutenir à la fois les étudiants, notre Alliance et nous permettre d’embaucher des palestiniens et ainsi créer de l’emploi.
Bien que les institutions culturelles essayent de ne pas lâcher et de relancer la vie culturelle à Bethléem comme un acte de résistance, les évènements sont pour la plupart annulés ou reportés. Nous continuons tout de même à organiser des projections de films et des moments de partage ou nos étudiants peuvent se retrouver et oublier l’espace d’un instant la situation dans le pays.
Nous espérons pouvoir continuer à offrir cette bulle d’oxygène aux habitants de Bethléem et ce malgré une crise qui perdure dans le temps et dont les répercussions sont et seront importantes à tout niveau.
Et comme disent les palestiniens: « Il faut avoir le souffle long et garder le moral ! «
Fayrouz Abboud, directrice, Alliance Française de Bethéem