La France et l’Inde sont deux grandes démocraties, avec leurs similitudes et leurs différences. On connaît bien les dernières, notamment les trois suivantes : un État centralisé pour la France contre un État fédéral pour l’Inde, avec ses 28 États et ses 8 territoires ; une superficie indienne pouvant contenir six fois celle de la France ; 1,4 milliard d’habitants en face de 68 millions. Mais les liens entre la France et l’Inde dépassent ces disparités et s’inscrivent dans l’Histoire et l’actualité.

Des comptoirs français dès 1671 pour tenter de contrer l’hégémonie britannique, des officiers français dans les armées des maharajas dès le 16e siècle, une coopération dans le champ du nucléaire datant du début des années 50 et le transfert de technologie spatiale au cours des années 60 sont autant de marqueurs et d’événements qui ponctuent dans le temps les relations entre les deux pays.

L’actualité n’est pas en reste : deux visites d’État ont encadré la signature du nouveau Partenariat Stratégique entre les deux pays ; le premier ministre indien était l’invité d’honneur des célébrations du 14 juillet 2023, et le président Macron était, quant à lui, convié à la Commémoration du « Republic Day », le 26 janvier dernier.

Ce partenariat, qui renouvelle pour les 25 prochaines années celui signé par le président Jacques Chirac en 1998, concerne la coopération bilatérale stratégique et repose avant tout sur des collaborations étroites dans les domaines de la défense, du nucléaire civil, de l’espace et de la sécurité, notamment en termes de cybersécurité, de contre terrorisme et de renseignement. La grande nouveauté géostratégique de cette coopération est sans aucun doute sa forte composante indopacifique…

Mais la volonté commune d’œuvrer au sein d’un partenariat entre égaux ne se résume pas au nombre de Rafales, d’Airbus, et d’EPR vendus, ni ne se réduit à un échange d’influences: il repose bien entendu sur une confiance mutuelle, qui se traduit aussi par une coopération culturelle et éducative ambitieuse : le président Emmanuel Macron a ainsi donné le chiffre de 30 000 étudiants indiens en France comme objectif à atteindre dans les cinq années à venir.

Il existe sans conteste aujourd’hui, une réelle envie d’Inde en France et de France en Inde, qui se décline donc dans tous les secteurs.

On peut donc imaginer que la visite du président du Sénat, M. Gérard Larcher, s’inscrit dans cette volonté de dialogue, dans ce désir de mieux se connaître pour mieux s’apprécier.

Au cours d’une mission dense, qui a vu se multiplier les rencontres bilatérales entre institutions françaises et indiennes, la délégation sénatoriale a voulu prendre le temps de rencontrer les acteurs de première ligne de cette coopération culturelle et linguistique, à savoir les Alliances Françaises d’Inde. C’est ainsi que pendant plus d’une heure, M. Larcher s’est prêté au jeu des questions et réponses de la part des étudiants, des professeurs et des bénévoles de l’Alliance Française de Delhi.

L’intégralité de la délégation du Sénat a donc été accueillie le 19 janvier à l’Alliance Française par M. Sarin, président du conseil d’administration et M. Wolska, directeur-adjoint.

La visite du bâtiment, qui sort d’un programme de rénovation intégral, s’est concentrée sur l’auditorium de 115 places, les 15 salles de classe et la toute nouvelle cafétéria qui propose à présent un menu français pour le dîner.

Il a été évoqué la très dense programmation cinématographique et l’ambition de l’Alliance de devenir LA salle «Art et Essai» de la capitale indienne, la programmation culturelle et ses temps forts qui font de l’Alliance le premier centre culturel européen, le nombre d’apprenants (5 500 par an) et surtout leurs motivations.

La rencontre Q&R, entre une cinquantaine d’étudiants de niveau C1 et le président du Sénat, s’est déroulée dans la médiathèque, agora emblématique de notre institution ; M. Larcher a répondu aux questions portant sur le fonctionnement du Parlement français et son système bicaméral (qui a d’ailleurs beaucoup de similitudes avec celui de l’Inde), son parcours personnel et sur les institutions politiques françaises en général.

Il a mis en avant l’apprentissage de la langue française comme atout dans la poursuite d’une carrière professionnelle tant en Inde qu’à l’international, en mettant notamment en exergue la présence des 540 entreprises et filiales françaises qui emploient en Inde près de 300 000 personnes.

La séquence s’est conclue par une remise de médailles du Sénat au président, M. Sarin, à Mme Chaudhuri, doyenne du corps enseignant et à M. Singh, modérateur des échanges, et autour bien sûr d’un chai massala et d’un samossa.

Stéphane Amalir, Alliance Française de Delhi

© photos prises par l’AF de Delhi