Réalisé en mai, le mois de la culture française est rapidement devenu un moment fort de la vie culturelle à Cuba. Créé en 2015, suite à la visite du président François Hollande, cet événement culturel n’avait pu avoir lieu en 2020 pour cause de pandémie et avait été présenté de manière télévisuelle en 2021.

Le retour du présentiel
Réalisée du 3 au 26 mai 2022, cette nouvelle édition a permis aux artistes de retrouver la scène et aux publics de revenir nombreux.

La programmation réalisée par le service culturel de l’ambassade de France avec la collaboration de l’Alliance Française à Cuba, a été présentée lors d’une conférence de presse au Palais Prado de l’Alliance Française, par Marc Sagaert, directeur de l’Alliance et Solen Rouillard, attachée culturelle de l’ambassade de France.

Au programme : exposition photographique, concerts de musique classique et contemporaine, conférences, art contemporain et art de la rue, danse, théâtre, mode, littérature et cinéma, ainsi que différents programmes audiovisuels proposés à la télévision cubaine.

Les deux actes photographiques de Denis Darzacq
Comme elle le fait depuis 2015, l’Alliance Française s’est inscrite dans cette manifestation en proposant un programme original.

L’exposition photographique de Denis Darzac, intitulée Act I & II, produite par le service culturel et réalisée au Palais Prado de l’Alliance Française, est le résultat d’un travail de l’artiste avec de jeunes handicapés rencontrés à Brest et à Bradford. Certains sont acteurs, sportifs ou danseurs. Tous ont trouvé dans l’action et l’appropriation personnelle de l’espace commun le moyen de se dévoiler dans toute leur complexité. Dans Act II, le créateur propose à des danseurs de l’Opéra de Paris de s’inspirer de photographies de personnes en situation de handicap pour improviser leurs mouvements dans des rues de Paris. Ainsi les corps empêchés se convertissent en source d’inspiration de danseuses et danseurs. L’exposition est accompagnée d’une vidéo très touchante montrant les jeunes découvrant le Louvre et ses galeries où ils ont la possibilité d’évoluer à leur guise lors d’une journée de fermeture du musée.

Dador : Un défilé de mode original
L’Alliance Française, a, par ailleurs, présenté, au palais Prado, un défilé de mode offert par la maison cubaine Dador, en hommage à la tradition française de haute couture.

Le parfum et les sons se répondent
La célèbre parfumerie cubaine Habana 1791, a, quant à elle, créé pour l’anniversaire de l’installation de notre institution au Palais Prado, le Parfum Alliance Française Cuba. La manifestation présidée par l’ambassadeur de France Patrice Paoli et son épouse et animée par un ensemble de musique cubaine, a été suivie par un public nombreux.

« Le parfum que j’ai créé pour notre Alliance Française – dit la Cubaine Yanelda Mendoza, auteure de cette composition originale, formée à Grasse – a une note florale verte, fraîche et boisée. Ma composition s’ouvre avec de la bergamote comme note de tête. Le jasmin et la rose sont au cœur du parfum, le bois de santal venant clore cette fragrance. L’Alliance Française de Cuba m’inspire la fraîcheur des liens partagés et une certaine douceur, c’est pourquoi j’ai pensé à la rose et au jasmin. Mais cette approche de la langue et de la culture, des cultures, nécessite également, tout à la fois ouverture, exigence et rigueur, qualités que traduit pour moi le bois de santal. »

Ce parfum mixte est actuellement en vente dans la magnifique parfumerie Habana 1791 de la vieille Havane.

Un cabaret littéraire dédié à Albert Camus
Afin de célébrer le 80e anniversaire de l’édition de L’Étranger (le 19 mai 1942), l’Alliance Française a dédié un cabaret littéraire au roman d’Albert Camus. Il s’agit comme pour chaque cabaret, de la lecture bilingue, à deux voix, d’extraits d’un ouvrage, accompagnée de musiciens. Pour l’occasion, ce sont le flutiste José Lazaro Alvarez et la guitariste Millet Padrón qui ont magnifiquement mis en valeur cette lecture du roman du Prix Nobel de littérature.

Une résidence artistique et une création chorégraphique
Suite à la venue à Cuba en 2019 du danseur et chorégraphe franco-colombien Alexi Marimón, établi en France et titulaire du diplôme d’État de danse contemporaine, lors de laquelle avait été évoqué le projet de création chorégraphique Comala, l’Alliance Française a invité l’artiste pour une résidence avec la compagnie Rosario Cardenas, une des compagnies de danse les plus importantes de Cuba et dont la directrice a reçu, en 2013, le prix national de la danse.

Comala est une création chorégraphique inspirée du roman Pedro Páramo, de Juan Rulfo. La Comala de Marimón est éphémère, en mouvement. Elle permet au chorégraphe d’adapter à son pays, la Colombie, le conflit mexicain de Las Cristiadas – soulèvement de paysans mexicains catholiques contre le gouvernement de 1926 à 1929 – et d’évoquer une guerre de plus d’un demi-siècle qui a laissé des millions de victimes, de déplacés et des milliers de disparus. La chorégraphie de Marimón est faite de moments de tensions extrêmes, de douleur et d’agonie, même si parfois l’espérance semble trouver sa place et la danse des moments d’accalmie. Fruit d’une co-production franco-colombo-cubaine, ce projet caribéen a réuni des danseurs appartenant à la compagnie Rosario Cardenas ainsi qu’à d’autres compagnies cubaines de province (Ciego de Ávila, Holguín, Guantánamo) et à des danseurs de la compagnie Plataforma híbridos de Colombie. Il a aussi bénéficié de la voix magnifique du chanteur colombien Alex Quin.

D’abord prévu au théâtre Marti, endommagé suite à l’explosion qui a détruit l’hôtel Saratoga, le projet a dû se trouver un nouveau lieu de présentation. Les théâtres étant peu nombreux à La Havane, c’est au ciné-théâtre Miramar que les représentations ont finalement eu lieu.

Malgré l’éloignement du centre (des bus avaient été affrétés spécialement pour l’occasion), le public est venu nombreux : près de 1 000 personnes pour 3 représentations. Et les médias -radio, télévision, presse écrite (Cubadebate, Juventud rebelde, Habana radio, Canal Habana, Oncub, Agencia cubana de noticias, Revista de cultura cubana etc.)- ont largement relayé l’information et ont présenté de manière très élogieuse ce travail chorégraphique exceptionnel.

Ces divers moments ont permis aux créateurs de retrouver les espaces scéniques et aux publics de réapprendre le bonheur de ces moments culturels de rencontres et d’échanges.

Marc Sagaert, directeur, Alliance Française à Cuba