La porte vers le C1
On dit que les langues ouvrent des portes. Qu’elles nous offrent beaucoup d’opportunités liées aux voyages, aux études, à un travail… En fait, à l’âge de quinze ans, je n’y pensais pas vraiment. J’ai toujours été attirée par la langue française mais je ne m’intéressais pas à la musique française, à ses films, sa gastronomie ou sa culture en général. Pour moi, c’était vraiment la langue en elle-même qui me fascinait.
Un jour, dans une librairie à Poprad, j’ai acheté un livre sur la langue française pour les autodidactes. C’était à la rentrée scolaire en dernière année du collège, époque où je suivais des cours de russe. Le livre faisait plus de 560 pages et moi, j’étais presque sûre que je ne le terminerais jamais. Néanmoins, je me suis mise au travail et j’ai passé mes soirées à lire des textes et à faire des exercices. À cette époque, je m’étais fixé un but, celui d’arriver au niveau C1. Pourtant, je ne croyais pas en être capable, cela me paraissait trop ambitieux. Un jour dans avenir lointain, peut-être.
En arrivant au lycée, j’ai choisi le français comme deuxième langue étrangère. Je ne me suis pas inscrite à la section bilingue française dans notre école car je ne prenais pas encore le français au sérieux et je ne voulais pas passer un bac scientifique. Au fur et à mesure, je me suis pourtant de plus en plus investie dans cette langue et j’ai notamment participé aux Olympiades du français. Par ailleurs, j’ai commencé à suivre des cours à l’Alliance Française de Banská Bystrica une année plus tard et, finalement, j’ai terminé le fameux livre de 560 pages.
Pendant la quarantaine, je n’ai pas beaucoup progressé. En revanche, les vacances d’été entre la troisième et quatrième année du lycée furent productives. J’ai découvert que je comprenais ce qu’on disait dans les films documentaires et que je pouvais déjà lire des livres en français sans devoir tout recopier et traduire sur Internet. J’ai finalement pu lire mon livre préféré Le Petit Prince. Toutefois, je n’étais pas encore satisfaite de ma production orale pendant les cours de français et je n’avais pas confiance en moi. J’ai brièvement réfléchi à postuler à des études supérieures en France mais j’ai vite abandonné cette idée.
Ce que je n’avais pas anticipé, c’est qu’en janvier, le directeur d’Alliance Française, Thomas Laurent, m’a proposé de me préparer pour le DALF C1. Même si j’étais surprise, j’ai accepté ce défi et pendant les mois suivants, on a travaillé sur toutes les parties du certificat – les deux compréhensions ainsi que les deux productions. À la maison, j’ai regardé des vidéos sur YouTube en français, je me suis abonnée aux journaux français sur les réseaux sociaux pour me tenir au courant de l’actualité et j’ai créé environ 1500 « flashcards » avec des mots et des expressions françaises pour retenir le plus de vocabulaire possible.
Certes, l’apprentissage d’une langue est parfois épuisant, voire frustrant. Mais ça vaut absolument la peine. Car après tout cet effort, je suis parvenue à faire de mon rêve une réalité et j’ai réussi à obtenir le certificat DALF C1 un peu plus tôt que ce que j’envisageais à l’école primaire. Bien sûr, c’est aussi grâce aux professeurs à l’Alliance Française et au lycée Tajovsky ; je leur en suis infiniment reconnaissante.
Enfin, je le répète, je n’envisageais pas de faire mes études en France ni d’y travailler. Mais la vie est imprévisible. Dans deux semaines, je vais faire mes bagages et partir pour la France pour y travailler pendant l’été et puis, y étudier. Alors, les langues ouvrent vraiment des portes.
Daniela Oravcová, Juin 2022