Le 9 février dernier, une quinzaine d’élèves du lycée André Malraux de Biarritz (terminale latino-hellénistes et première sciences et techniques de laboratoire) ont effectué une visite de la Fondation des Alliances Françaises dans le cadre d’un voyage « humaniste » à Paris. Ce voyage, proposé par trois de leurs professeurs (lettres, physique-chimie, documentaliste), mêlait intérêts scientifiques, historiques, littéraires et artistiques. Tous les élèves avaient une « mission » à accomplir pendant ce voyage. Le groupe des latino-hellénistes a lui récité un texte de Victor Hugo sur Paris, devant la maison de Victor Hugo… et sur la terrasse de la Fondation, avec une vue imprenable sur la ville lumière.
HUGO Paris, 1867 extrait
Jérusalem, Athènes, Rome. Les trois villes rythmiques.
L’idéal se compose de trois rayons : le Vrai, le Beau, le Grand.
De chacune de ces trois villes sort un de ces trois rayons. À elles trois, elles font toute la lumière.
Jérusalem dégage le Vrai. C’est là qu’a été dite par le martyr suprême la suprême parole :
Liberté, Égalité, Fraternité.
Athènes dégage le Beau. Rome dégage le Grand.
Autour de ces trois villes, l’ascension humaine a accompli son évolution. Elles ont fait leur oeuvre. Aujourd’hui de Jérusalem il reste un gibet, le Calvaires d’Athènes, une ruine, le Parthénon ; de Rome, un fantôme, l’empire romain.
Ces villes sont-elles mortes ? Non. L’oeuf brisé ne représente pas la mort de l’oeuf, mais la vie de l’oiseau. Hors de ces enveloppes gisantes, Rome, Athènes,Jérusalem, plane l’idée envolée. Hors de Rome la Puissance, hors d’Athènes l’Art, hors de Jérusalem la Liberté.
Le Grand, le Beau, le Vrai.
En outre elles vivent en Paris. Paris est la somme de ces trois cités. Il les amalgame dans son unité. Par un côté il ressuscite Rome, par l’autre, Athènes, par l’autre, Jérusalem. Du cri du Golgotha il a tiré les Droits de l’homme.
Ce logarithme de trois civilisations rédigées en une formule unique, cette pénétration d’Athènes dans Rome et de Jérusalem dans Athènes, cette tératologie sublime du progrès faisant effort vers l’idéal, donne ce monstre et produit ce chef-d’oeuvre : Paris.
Dans cette cité là aussi il y a eu un crucifix. Là, et pendant dix-huit cents ans aussi, — nous avons compté les gouttes de sang tout à l’heure, — en présence du grand crucifié, Dieu, qui pour nous est l’Homme, a saigné l’autre grand crucifié, le Peuple.
Paris, lieu de la révélation révolutionnaire, est la Jérusalem humaine.