Créé en 1990, l’Alliance Française French Film Festival est l’événement majeur de la communauté francophone et francophile d’Australie. Ce festival est devenu l’un des événements cinématographiques les plus importants en Australie. C’est d’ailleurs le festival de films français le plus important hors de France. Organisé conjointement avec les services audiovisuels de l’ambassade de France, ce festival est une vitrine et une plateforme de lancement pour près des dizaines de films français et coproductions chaque année, dont la plupart sortent ensuite sur les écrans en Australie et Nouvelle-Zélande.
Questions à
Philippe Ostermann, directeur de l’Alliance Française de Sydney
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Comment s’est passé le festival cette année dans une Australie encore sous restrictions sanitaires ?
L’Alliance Française French Film Festival a été, cette année encore, un immense succès. En 2020, nous avions dû arrêter en mars, une semaine après la fermeture des cinémas, à cause de la pandémie, et reprendre ensuite dans un format réduit en juillet. Malgré cela, avec près de 70 000 entrées, nous avions été le plus important événement public australien de l’année 2020.
En 2021, nous avons rassemblé plus de 177 000 spectateurs dans toute l’Australie. C’est le plus important événement culturel du pays, et une magnifique réussite dont nous sommes immensément fiers.
- Est-ce que l’engouement du public a suivi malgré les contraintes ?
La réponse du public a été extraordinaire, de nombreuses séances étaient complètes, nos soirées spéciales ont été très suivies. Dans certaines villes les capacités des salles étaient encore limitées, 50% à Adelaïde, 60% à Canberra, 75% à Melbourne, nous avons même connu un mini confinement à Brisbane, et malgré cela, le festival est en progression dans la plupart des villes.
- Pourquoi ce festival est-il un pilier des relations culturelles franco-australiennes ?
Malgré notre éloignement, l’Australie est l’un des pays les plus francophiles au monde. Avant la pandémie, plus d’un million d’Australiens visitaient la France chaque année, ce qui est considérable par rapport à la population du pays (25 millions d’habitants), le nombre d’apprenants dans les Alliances est également très élevé, et les Australiens vont en proportion voir plus de films français que de films anglais ou allemands.
L’Alliance Française French Film Festival a 32 ans d’existence et il s’est installé au fil des ans comme un des moments phares de la vie culturelle downunder (expression anglo-saxonne pour désigner l’Australie et la Nouvelle-Zélande). Grâce à la très forte implantation des Alliances dans le pays, nous avons également un rayonnement national. Enfin, c’est un exemple réussi d’une collaboration étroite entre le réseau des Alliances et l’ambassade de France en Australie.
- C’est un festival unique par son envergure, porteur de valeurs françaises mais parfaitement implanté dans l’écosystème australien, comment pourriez-vous l’expliquer ?
Il est toujours très difficile de donner les raisons d’un succès, néanmoins, la principale me semble être la grande qualité et diversité du cinéma français. Nous proposons à travers le Festival une vision différente du cinéma américain, plus centré sur les films à grand spectacle.
Nos films séduisent un public cultivé, francophile, qui aime retrouver un « je-ne-sais-quoi » propre au cinéma français, des scénarios subtils, le goût des dialogues et des personnages riches et complexes.
Et grâce à de nombreuses séances scolaires, nous touchons également le jeune public, c’est un immense plaisir que de voir des classes d’enfants australiens rire et vibrer devant des films français.
- Dans quelles villes se déroule ce festival ?
L’Alliance Française French Film Festival se déroule pendant 4 à 5 semaines à Adelaide, Brisbane, Byron Bay, Canberra, Hobart, Melbourne, Perth et Sydney.
- Quelle a été la programmation ?
Une des conséquences de la pandémie est que nous avons pu montrer plus de 10 films en première exclusivité mondiale, et avec 38 films au total, d’Antoinette dans les Cévennes, à un Divan à Tunis, en passant par Poly ou la Daronne, nous avons proposé un panorama complet de la richesse du cinéma francophone.
- Est-ce que les artistes français ont pu participer aux débats des projections ?
Hélas, la politique sanitaire très stricte de l’Australie n’a pas permis à des artistes français de venir, contrairement aux années précédentes où nous avions eu la chance d’accueillir Gilles Lellouche, Zabou Breitman, Laurent Lafitte et bien d’autres.
- Sera-t-il encore plus important dans les années à venir ? Avez-vous des projets en ce sens ?
Nous avons toujours de très grandes ambitions pour le Festival, qui peut et doit encore se développer. Cela se fera en renforçant la collaboration avec l’industrie du cinéma australien, en organisant des événements spéciaux et en collaborant avec de nouvelles villes que nous ne touchons pas encore, mais également avec le soutien de nos partenaires, entreprises françaises ou australiennes.
- Comment se déroule son organisation ? Une équipe y est-elle entièrement dédiée toute l’année ?
Malgré son succès, l’équipe du Festival est très réduite, et c’est une gageure de parvenir à un événement d’une telle ampleur avec aussi peu de monde. La coordination nationale est basée à Sydney, elle est composée, outre le directeur de l’Alliance, de trois personnes pendant 6 mois, la direction artistique est assurée par l’attachée culturelle de l’ambassade, et chaque Alliance Française prend à sa charge l’organisation locale de l’événement. C’est une mécanique de précision dans laquelle le rôle de chacun est fondamental, et c’est une magnifique aventure collective.
Propos recueillis par Florence Castel, Communication, Fondation des Alliances Françaises
Crédits photo : AF Sydney D.R.