Depuis plusieurs mois, l’Alliance Française de Saint-Domingue a initié un processus de réflexion, de sensibilisation et d’actions, dans l’espoir de façonner une culture institutionnelle inclusive, à travers de meilleures connaissances, attitudes et pratiques quotidiennes en lien avec l’égalité des genres. Après avoir organisé quelques tables rondes, entre autres, lors de la Francophonie régionale pilotée par l’Alliance Française de Mexico, avec la présence de Tristan Bartolini, et sa police de caractère innovante et inclusive, mais aussi avec des performances théâtrales qui questionnent l’égalité entre les genres, sous toutes ses formes (linguistique, physique, gestuelle…), nous passons à la phase de formation des équipes, afin de mieux continuer, ensuite, le travail de formation des publics.

De pair avec l’Institut du Genre de l’Université Autonome de Saint-Domingue, nous avons, dans un premier temps, réalisé un questionnaire destiné au personnel administratif et enseignant, afin d’établir un diagnostic relevant les connaissances et attitudes de l’équipe face à cette thématique. Sur cette base, 6 demi-journées de formation ont été dispensées : avec l’équipe administrative, sur les aspects relationnels, communicationnels et linguistiques ; avec l’équipe enseignante, sur des éléments pédagogiques, méthodologiques et linguistiques. La prochaine étape verra la rédaction collective d’une charte des bonnes pratiques en lien avec l’égalité des genres. Ensuite, nous souhaitons approfondir la réflexion et mutualiser l’expérience avec d’autres Alliances Françaises afin de modéliser le processus.

Sans entrer dans le débat de l’écriture inclusive, nous ne pouvons sous-estimer notre capacité à influencer les représentations individuelles et collectives et, a fortiori, à faire évoluer la réalité. Par sa mission éducativo-culturelle, l’Alliance Française a le pouvoir, comme le disait Paolo Freire, d’impulser libération et changement social. A travers la pensée et les actions.

Il s’agit d’oser questionner nos perceptions, nos pratiques et notre identité professionnelle. La langue façonne nos représentations tout en donnant vie à ce qu’elle nomme. Potentiellement discriminatoire, la langue est aussi un merveilleux outil en faveur de l’égalité, à travers une communication neutre où chaque personne peut se reconnaître. Bien plus que d’intégrer une mode, il s’agit finalement d’assumer notre rôle éducatif et d’y voir tant la responsabilité collective et institutionnelle qu’un levier potentiel vers un monde plus juste et égalitaire, dans le respect des objectifs du développement durable.

Une fois ce premier pas franchi, nous pouvons passer à l’action, selon quelques pistes pédagogiques : éclectisme des activités et documents proposés en classe de FLE ; réaction aux paroles et aux gestes discriminants durant nos évènements culturels ; place à une parole libre et équilibrée, aux émotions et à la création, dans un climat de confiance et de coopération ; activités pédagogiques sur l’égalité des genres à proprement dit; débat d’idées dans le respect des opinions multiples; mise à jour en matière d’avancées de la langue et des différences prescriptives au sein des pays francophones ; bannissement des stéréotypes et expressions discriminatoires. Cela vaut pour le genre, mais également pour toute autre forme d’inégalités, afin d’éviter l’intersectionnalité.

Si vous souhaitez nous rejoindre et participer à la mise en place d’un parcours de formation virtuel, n’hésitez pas à nous contacter.

Magali Pratte, responsable du Pôle Idées et Société, Alliance Française de Saint-Domingue (alianzaverde@afsd.net)

Juin 2021