Dans un pays où le confinement est pratiquement impossible, le port du masque est un enjeu crucial. Face à l’augmentation du nombre de malades en Centrafrique, l’Alliance Française de Bangui a fourni un appui à la fabrication de près de 200 000 masques, grâce à des financements européens et des Nations-Unies, et avec l’aide du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Bangui. Certifiés par le ministère centrafricain de la Santé et de la Population, ces masques ont été distribués en priorité aux habitants vulnérables de la capitale et aux détenus de la prison de Bangui.
120 couturiers centrafricains accueillis dans les locaux de l’Alliance Française de Bangui
Frappée comme d’autres pays par la crise COVID-19, la Centrafrique a privilégié les efforts portant sur la sensibilisation aux gestes barrières. L’option du confinement, difficilement applicable compte tenu des structures économiques locales a été écartée par le gouvernement (la plupart des habitants de Bangui et de la zone périurbaine occupent des emplois informels et vivent de leurs diverses activités (de commerce, de transport…) en gagnant en moyenne 1 à 2 euros par jour.
L’Alliance Française de Bangui, qui avait interrompu ses activités pédagogiques et culturelles et fermé ses portes au public depuis le 23 mars pour enrayer la propagation du virus, a néanmoins été la cheville ouvrière, en mai, d’un projet de coopération contribuant à la lutte contre la pandémie par la production de près de 200 000 masques. Menée grâce à l’appui du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Bangui, l’opération a bénéficié de fonds du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Union Européenne (Fonds européen pour le Développement (FED) et fonds Bekôu : un fonds européen créé en 2014 pour la République centrafricaine).
A cette fin, l’Alliance a accueilli dans ses locaux 120 couturiers centrafricains, sélectionnés pour faire partie d’une coopérative d’activité éphémère. L’Alliance Française a mis à disposition sa salle de spectacle et de répétition pour y installer la chaîne de production, et s’est également chargée de l’organisation et de la coordination du projet.
L’Alliance a veillé à garantir le respect des protocoles sanitaires et la sécurité des couturiers. Avec l’appui des personnels de l’Alliance, un dispositif sanitaire conforme aux consignes de l’OMS a ainsi été mis en place tout au long de la chaîne de production : dispositif de lavage des mains, approvisionnement en gants, nettoyage des différentes unités.
L’opération a été menée en partenariat avec une société centrafricaine, NDARA («Savoir faire» en Sango) . Cette société fondée en 2017 et employant des artisans locaux est spécialisée dans la formation et l’insertion professionnelle. La production de masques faits à la main à partir de matériaux locaux lui a fourni l’occasion de former ses employés à la production de produits, au marketing, ainsi qu’à la gestion d’entreprise. Avec le soutien de l’Alliance Française de Bangui, cette opération a également permis de former les couturiers aux normes AFNOR.
Une collaboration menée avec les autorités nationales
L’initiative a reçu l’aval des autorités centrafricaines, qui ont apporté leur appui au projet. Le 4 juin, l’Alliance Française a reçu la visite de Mme Gisèle Pana, ministre intérimaire de la Santé et de la Population, qui a pu s’entretenir directement avec les acteurs du projet et observer la chaîne de production. Suite à cette visite, la chaine de production a été officiellement homologuée le 9 juin.
L’ONG Oxfam a assuré la distribution des masques aux personnes les plus vulnérables, à l’issue d’une cérémonie de lancement le 20 juillet 2020 au marché central de Bangui. Grâce à cette opération, 150 000 masques ont pu être distribués aux franges les plus en difficulté de la population de Bangui (les conducteurs de taxi, les chauffeurs de bus, les vendeurs sur les marchés…).
Les fonds venant du PNUD ont permis quant à eux la réalisation rapide de près de 50 000 masques qui ont été distribués en urgence aux personnels du PNUP et aux détenus et personnels de la prison de Bangui, suite à la découverte d’un cluster.
Manon Havet, chargée de mission, Sous-direction du Réseau de Coopération et d’action culturelle, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères