Les Philippines sortent très lentement du confinement débuté mi-mars, les habitants de la capitale circulent de nouveau dans la ville, les restaurants et les cafés ouvrent leurs portes avec des mesures d’hygiènes draconiennes, et dans les galeries commerciales habituellement très fréquentées à Manille, les clients reviennent timidement. Pour l’heure il n’est pas encore possible de recevoir du public dans l’établissement, les universités et les écoles sont toujours fermées, mais aussi difficile que soit cette expérience elle laisse aussi entrevoir des répercussions positives. Elle aura permis à l’AFM, l’année de ses 100 ans, de s’offrir une nouvelle jeunesse en ligne.
Des inscriptions pour nos formations digitalisées en augmentation
Forcée d’accélérer l’implantation d’un dispositif d’enseignement-apprentissage du français en ligne commencé fin 2019, l’équipe de l’Alliance Française de Manille avait dû dématérialiser l’ensemble de son offre de cours en début session de mars. Un travail effectué en deux jours avait permis de conserver 78% des apprenants déjà inscrits, mais les chiffres étaient très loin d’une session normale. Le maintien du confinement en juin annonçait un nouveau défi : le lancement d’une nouvelle session annoncée comme entièrement digitale. Les apprenants allaient-ils s’inscrire de leur plein gré à des cours en ligne ? Le résultat a dépassé toutes nos espérances : non seulement les étudiants engagés dans les classes virtuelles ont poursuivi leur formation, mais les effectifs ont augmenté de 38% par rapport à la session précédente !
Une révolution pédagogique autant que technologique
Le passage aux classes virtuelles avait donc été apprécié. Le phénomène n’est probablement pas étranger à la stupéfiante montée en compétence du personnel enseignant. Car cela fut le cas grâce à un travail d’équipe et à un partage constant des découvertes de chacun en interne, mais aussi grâce à la mutualisation des expériences dans réseau des AF et des IF au travers d’outils comme les webinaires de l’Institut Français ou le MOOC mis en place par l’AF Rouen. Il ne s’agissait pas simplement de maintenir l’offre malgré le confinement mais d’être réellement attractif et performant. La formation en ligne n’est pas seulement un défi technologique, elle permet également d’intégrer des méthodes d’enseignement longtemps réservées aux enseignants chevronnés et habitués des TICE. Avec une plateforme, on fait de la classe inversée ou de la pédagogie différenciée presque sans le savoir, comme monsieur Jourdain faisait de la prose.
L’ouverture de nouveaux marchés
L’augmentation des effectifs ne repose pas uniquement sur le vivier des étudiants existants. Une communication spécifique et des cours d’essai en ligne ont permis une augmentation de 10% des nouveaux inscrits par rapport à une session normale. Avec ces cours en lignes, l’AFM a vu l’arrivée d’étudiants habitant dans des quartiers beaucoup plus éloignés du centre-ville, voire sur des îles distantes de la nôtre et jusqu’à parfois des membres de la diaspora philippine domiciliés dans les émirats ou au Canada ! Le jeune public a lui aussi été séduit par cette nouvelle offre, et les cours en ligne ont permis à l’AFM de s’insérer sur ce marché prometteur : quoi de plus pratique pour des parents que des activités périscolaires pour leurs enfants sans avoir à s’engager dans d’interminables déplacements ?
Vers le déconfinement
Bien évidemment les conditions générales restent difficiles : les universités partenaires souffrent de la situation, les entreprises hésitent à se lancer dans des actions de formation, et la vie économique dans son ensemble tourne au ralenti. Le plus difficile risque probablement d’être encore à venir. Pour rouvrir, il faudra se plier à des procédures complexes, diminuer radicalement la capacité d’accueil des classes, et se demander si le public souhaite prendre le risque de revenir dans nos locaux. Déjà l’équipe travaille à de nouvelles formations, alliant, grâce au dispositif mis en place, des parcours en auto-apprentissage et du présentiel amélioré, permettant ainsi, au-delà du respect des contraintes de sécurité sanitaire, d’accroitre la rentabilité et de proposer aux entreprises et aux universités partenaires des cours moins chers et plus adaptés à leurs objectifs spécifiques.
Vincent Robin Gazsity, directeur des cours, Alliance Française de Manille