« 8 FEMMES » OU LA FÉMINITÉ,
LA HAUTE COUTURE ET LE THÉÂTRE À L’HONNEUR
L’Alliance Française de Brunei Darussalam, avec le soutien de l’ambassade de France au Brunei, a voulu célébrer la langue française et les cultures francophones en renforçant la coopération culturelle et artistique entre la France et le Brunei.
Cette année, la mode française est de nouveau au cœur de la Francophonie dans ce sultanat situé au nord de Bornéo. Déjà en mars 2019 le couturier français Éric Raisina avait présenté sa collection « Brunei » lors d’une « Fashion Exhibition » originale, habillant des mannequins sur scène de ses soieries colorées, et les laissant glisser sur la scène dans la pénombre pour contourner la censure qui ne pouvait accepter la vue de femmes marcher (sic), tant bien même leurs vêtements répondaient au canon religieux (voile, manches longues, etc.). Les défilés « cat walks » sont en effet prohibés par le sultanat du Brunei, interdisant derechef les performances musicales, les concerts, les danses non islamiques.
Le concept de cette nouvelle édition 2020 de la Francophonie a été de présenter une collection de Haute couture en l’intégrant à une pièce de théâtre.
En redoublant d’effort et de créativité, Éric Raisina est revenu avec une autre collection dite « Destination Brunei 2020 » et une nouvelle expérience artistique, une « Fashion Play », offrant, il faut le dire, un spectacle original et inédit au public brunéien.
L’idée m’est en effet venue de faire porter les vêtements du créateur par des actrices sur une pièce de théâtre français (le sixième art étant encore accepté par les lois du sultanat). Nous n’avions plus, dès lors, à nous préoccuper de la déambulation des actrices-mannequins mais de l’histoire et des costumes des actrices, habillées par la collection d’Éric Raisina.
Quel meilleur choix pour ce tour de passe-passe que la pièce de théâtre « Huit femmes » de Robert Thomas, et si brillamment adaptée au cinéma par François Ozon et son casting exceptionnel ? Et quel bonheur que le talent et la créativité d’Éric Raisina pour répondre à la psychologie des personnages et celle du public. Chaque pièce dite de « Haute texture » a été conçue, pensée en fonction du personnage qu’il incarne, de la place qu’il occupe dans cette histoire complexe, un travail fait main, remarquable.
De la production aux actrices, nous avons eu à cœur de choisir de talentueuses brunéiennes pour ce projet. Organiser une manifestation de cette envergure a requis une préparation de longue haleine et l’engagement non seulement du couturier Éric Raisina mais également celui de Studio 247, une start-up locale qui a cru en ce projet et s’est occupée de la production, de la traduction en anglais et du respect de la création scénique originale.
Outre le côté sombre de l’intrigue, nous avons conservé la dimension fantasque du film ponctué de chansons et de chorégraphies que nous avons tenté de reproduire avec soin. Des rôles de composition intemporels pour huit brunéiennes, incroyablement douées et qui ont pour point commun leur passion du 6e art. Rares sont celles qui peuvent en vivre, et la plupart ont rejoint les répétitions après leur travail dans une agence de voyage ou à l’université. Au-delà, de la qualité du jeu des artistes, nous avons choisi de ne censurer aucun sujet controversés et jugés sensibles au Brunei, tels que l’homosexualité, l’adultère, le libertinage, les amours pré-conjugaux.
Le public brunéien était au rendez-vous, le 14 février 2020, dans une salle comble avec 200 personnes d’âges différentes, avec une proportion importante de 25-40 ans.
Nous avons fait bouger les lignes à notre modeste niveau, et nous continuerons encore à le faire.
Brochure du spectacle >>
Vidéo montage du spectacle >>
Ayrine Uk Jammes, directrice, Alliance Française Brunei Darussalam
mars 2020
© AF Brunei – de gauche à droite : Chanel, Kamila (Augustine), Sophie (Suzon), Nadia (Catherine), Louise, Nini (Mamy), Pierrette et Dewi (Gabi).
