Depuis 2015, l’Institut français de Russie invite un artiste français pour une tournée russe autour de la Nuit des Musées. En 2019, c’est le street-artiste Antoine Martinet, alias MioSHe, qui a été invité dans six villes de Russie, poursuivant ainsi son questionnement sur la place de l’art dans l’espace urbain. À chaque escale, MioSHe imagine un scénario pictural en fonction des rencontres, de la matière des bâtiments et leurs histoires et de l’environnement proche du support à peindre. À Samara, comme dans trois autres villes (Rostov-sur-le-Don, Ekaterinbourg et Vladivostok), MioSHe a été accueilli par l’Alliance Française, qui, du 30 avril au 6 mai, a organisé son travail sur place et proposé un mur spécifique.
Pour ce projet, l’Alliance Française de Samara s’est associée avec le Bureau d’Architecture Khramov, pour son habitude d’intervenir dans l’espace public et ses très bons liens avec les autorités. Ces architectes ont proposé de faire intervenir l’artiste dans le cadre de deux dynamiques locales : d’une part, le festival Art nouveau dans les nuages qui a pour but de valoriser l’architecture Art nouveau de la ville, et, d’autre part, le projet fédéral « 2019 – Année du Théâtre en Russie ». Un mur à côté du futur Théâtre de Marionnettes de la ville, bâtiment de style Art nouveau, fut un choix naturel.
L’enjeu, pour une Alliance modeste comme celle de Samara, est de réussir de minimiser ses dépenses locales. En mobilisant l’enseigne Leroy Merlin pour fournir la peinture, l’hôtel « Volga » pour l’hébergement et l’entreprise CSK pour l’échafaudage, elle est parvenue à limiter certains couts matériels. Il lui a, par ailleurs, fallu mobiliser une dizaine de bénévoles autour du projet, pour accompagner, tout au long de la semaine, l’artiste, et la communication sur les réseaux sociaux. Les jeunes qui se sont investis sur ce projet sont de jeunes apprenants de français, souhaitant pratiquer leur langue avec un natif.
Un tel projet, inédit pour l’Alliance de Samara, n’est pas dénué de moments difficiles, malgré l’effort d’anticipation qui a pu être fourni. Le soutien très tardif de certains partenaires fait peser sur le budget prévisionnel une charge importante pour l’association. Et la demande expresse du Théâtre des Marionnettes de faire refaire la maquette de l’artiste, condition sine qua non pour obtenir leur blanc-seing, la veille du début des travaux, a menacé de compromettre le chantier.
L’artiste, informé à l’avance des thèmes abordés (la marionnette et le théâtre), et disposant de quelques photos du mur, a pu élaborer une esquisse et préparer un projet cohérent pour cette façade : une scène de huis-clos sur deux étages faisant intervenir trois personnages, dont un marionnettiste et une femme prisonnière de celui-ci. Le projet a rapidement plu aux habitants des alentours, qui, lors d’un conseil de quartier, ont voté en faveur de celui-ci. Le Bureau d’Architectes a également pu réunir la communauté street-art de la ville, afin d’accompagner l’artiste et de favoriser les échanges professionnels.
C’est ainsi qu’environ 80 personnes furent présentes à l’inauguration. Des riverains, apprenants de l’Alliance artistes locaux, les bénévoles et leurs amis, quelques officiels et les organisateurs dont le président de l’Alliance Française, M. Igor Verchinine, se sont réunis autour de MioSHe pour le remercier de son travail extraordinaire qui vient embellir les rues de Samara, et lui poser des questions quant à son œuvre.
C’est un premier pas dans le domaine du street-art que l’Alliance de Samara, grâce à l’Institut français de Russie, a pu mettre en place. Beaucoup espèrent aujourd’hui que d’autres projets de ce type verront le jour ici.
Pierre Mancini, directeur, Alliance Française de Samara
Juin 2019