Le 12 mars 2016, à l’initiative de l’Alliance Française de San Salvador, la première Nuit Blanche voyait le jour dans la capitale. Trois ans plus tard, pour sa quatrième édition le 6 avril 2019, cet événement est devenu, à bien des égards, la première manifestation culturelle du pays.
Le constat était simple : le Salvador est un pays magnifique, on peut grimper le volcan de Santa Ana le matin et se reposer sur les plages du Pacifique en deuxième partie de journée. Le climat y est chaud et pour le moins estival. Les Salvadoriens sont sympathiques, aimable, accueillants et bienveillants. L’ombre principale au tableau réside dans la violence dont est victime ce pays. Si celle-ci est localisée dans certaines zones identifiées, le sentiment d’insécurité est présent chez tous les Salvadoriens et les expatriés résidant sur place. Pour cette raison, les rues sont bien souvent vides de piétons. Les habitants, lorsqu’ils le peuvent, utilisent les transports motorisés pour le moindre déplacement. Marcher d’un point à un autre, même sur une courte distance, ne fait pas partie de la culture locale. La nuit tombée, il n’y a pas âme qui vive et l’espace public est totalement abandonné.
C’est ce constat qui a poussé l’équipe de l’Alliance Française de San Salvador à démarcher les autorités locales ainsi que la mairie et les institutions culturelles pour pouvoir permettre aux « Nuitblancheros capitalinos » de se réapproprier l’espace public en famille, dans un contexte sûr, tout en profitant d’une offre culturelle dense et de qualité. 10 centres culturels se sont alors embarqués dans cette aventure considérée comme un peu folle par beaucoup. L’engouement s’est révélé immédiat et 6 000 personnes se sont déplacées pour envahir les rues d’une partie de la ville.
Depuis, la Nuit Blanche est devenue un événement annuel attendu par beaucoup. Cette année, elle a connu un tournant majeur en s’étendant au centre historique grâce à une collaboration nouvelle avec la mairie. Des solutions de transports entre cette zone de la ville et la « zona rosa » ont été mises en place. Cette décision a donné un nouvel essor à l’événement et a généré une dynamique collective sans précédents. Ce sont en effet 53 lieux culturels qui ont ouvert leurs portes durant la nuit. Pas moins de 300 artistes salvadoriens et internationaux ont ainsi pu se produire. Surtout, 25 000 spectateurs ont pu profiter de cette programmation gratuite dans un contexte familial et sécurisé.
La presse et les médias en général ne s’y sont pas trompés et ont largement couvert l’événement que ce soit de manière promotionnelle en amont ou le jour même dans les rues de la ville. « El Diario de hoy » a d’ailleurs qualifié la Nuit Blanche d’événement culturel le plus important du pays en titrant « la Nuit blanche inondera la capitale ».
De son côté, l’Alliance Française a dédié toute sa programmation à la danse avec pas moins de 9 compagnies le soir du 6 avril. Un ensemble riche et homogène que le public nombreux a largement apprécié.
L’organisation de cet événement constitue une formidable vitrine pour l’Alliance Française de San Salvador clairement identifiée par le public, les médias, les artistes et les partenaires locaux comme le porteur principal de ce projet culturel phare dans la capitale salvadorienne. Nul doute que ce projet est désormais totalement ancré dans le paysage culturel local. Sur la base de ce succès, d’autres municipalités salvadoriennes ont manifesté leur intérêt pour organiser d’autres Nuits Blanches à travers le pays. On n’a sans doute pas fini d’en entendre parler.
Max Vasseur, directeur de l’Alliance Française de San Salvador