The Torch présente pour la 3e année consécutive à l’Alliance Française de Melbourne l’exposition d’art contemporain aborigène Dhumbadha Munga (Talking Knowledge), inaugurée l’année dernière par le ministre des Affaires étrangères, M. Jean-Marc Ayrault. Temps fort du Festival des arts indigènes Yalukut Weelam Ngargee, organisé par la municipalité de St Kilda dans l’un des quartiers balnéaires les plus emblématiques de Melbourne, l’exposition réunit une cinquantaine d’œuvres alliant peinture, sculpture sur bois et objets en céramique.
Si parmi les 9 artistes exposés cette année, 6 sont d’anciens détenus issus des prisons de l’Etat du Victoria, c’est que Dhumbadha Munga n’est que la partie visible d’un ensemble beaucoup plus complexe dont l’ambition ultime vise à la réinsertion des détenus aborigènes dans la société civile.
Chaque pays a sa part d’ombre : si la douceur de vivre est bien l’une des caractéristiques de l’Australie, l’une de ses plus sombres réalités veut que la minorité autochtone (2,5% de la population) représente près de 30 % de la population carcérale du pays.
Parmi toutes les actions de prévention et de réinsertion à l’œuvre, le programme proposé par The Torch touche par sa singularité en misant sur le cœur vivant de la culture aborigène : l’expression artistique.
└ travers l’organisation d’ateliers, il s’agit avant tout de reconnecter l’individu à son clan d’origine pour lui permettre de s’exprimer dans le présent. Mais pour qu’un futur se dessine, faut-il encore prétendre à une certaine indépendance financière. Et c’est là sans doute ce qui fait toute l’originalité d’un programme qui entend donner des clefs de compréhension du marché de l’art et favorise l’inscription de la production artistique dans une démarche professionnelle.
Dhumbadha Munga a cette humilité de mêler les artistes émergents aux artistes dont les oeuvres ont déjà rejoint les plus prestigieuses collections publiques ou privées du pays. Et pas de hiérarchie non plus entre anciens détenus et encadrants. Ils sont tous dans le même bateau.
La rencontre entre l’Alliance Française de Melbourne et The Torch n’est pas fortuite : entre tradition et modernité, les deux institutions trouvent un moyen privilégié d’inscrire leur projet respectif sur leur territoire d’implantation et sur un terrain, celui de l’art contemporain, qu’elles ont à cœur de défendre à travers une programmation artistique exigeante et régulière.
Michel Richard, directeur, Alliance Française de Melbourne