Depuis maintenant deux ans l’Alliance Française de Chiclayo a mis en place un cinéclub avec 2 projections par semaine, le grand public est invité à se retrouver autour de films français sous-titrés en espagnol, dans le cadre des films mis à disposition par la plateforme If cinéma, ou de créations originales sud-américaines relayées et projetées dans le cadre de festivals tel que celui de Lima d’août 2017.
S’il constitue, de par la large gamme de productions et de genres projetés, un espace alternatif aux «blockbusters» projetés dans l’unique espace de l’Alliance de Chiclayo, ce cinéclub se pense comme un espace de découverte, de partage tant artistique que social, qui s’inscrit dans le cadre de la pédagogie de projets à valeur de responsabilité sociale.
Chaque cycle mensuel se fait autour d’une thématique qui amène au choix des films et oriente les débats avec le public.
Souhaitant rendre hommage à Jeanne Moreau, grande actrice française et figure de la Nouvelle Vague décédée en août dernier, nous avons proposé en septembre un cycle de cinéma sur les femmes et leurs rôles face caméra “Hablamos de cine, Hablamos de mujeres”, et les répercussions de ces images et représentations de la femme de l’autre côté du grand écran, dans la vie quotidienne. Afin d’apporter des réponses à cette réflexion plusieurs associations féministes ont été invitées à se joindre à ce cycle de cinéclub : Justicia para las mujeres, association des étudiants de la faculté de droit de la ville, Ni una menos-Lambayeque, antenne locale d’un réseau national, le groupe ALWA, qui propose des ateliers d’ «empowrement» et d’entreprenariat féminin, et l’Asociación Femenina Estudiantil del Peru (AFEP), fédération d’étudiants de différentes universités de la ville. Cette collaboration les ont amenées à présenter une des quatre projections proposées et à initier à leur suite un débat sur les thématiques et les images que le film abordait, telles que les violences conjugales, l’homosexualité, l’émancipation des femmes, les caractéristiques genrées, etc.
Le cinéclub a été ouvert avec La Baie des Anges de Jacques Dely, où Jeanne Moreau incarne la figure sulfureuse d’une accro aux jeux. Suivirent, L’enfer de Claude Chabrol avec Emmanuelle Béart, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve et Villa Amalia de Benoît Jacquot où Isabelle Huppert endosse le rôle principal. Autant de grandes figures du cinéma français incarnant des personnages féminins complexes et différents, autant de lectures du genre et des femmes.
À l’issue de ces quatre semaines de projections ayant rassemblé plus de 110 personnes, s’est organisée une table ronde avec l’ensemble des associations féministes partenaires afin de tracer au-delà du champ artistique, un état des lieux de la situation dans Chiclayo et sa région, des principaux défis ainsi que des initiatives et campagnes menées par ces associations, dans chacun de leur domaine d’action.
Cette table ronde gratuite et ouverte à tous a permis un échange instructif entre le public et les représentantes des différentes organisations, ainsi qu’un meilleur dialogue entre ces dernières.
«Le bilan positif de ce cycle de cinéma est un exemple probant de l’usage des arts pour fédérer les individus et développer une réflexion commune autour d’un thème d’actualité.»
Gabrielle Bernoville, assistante de direction, Sciences Po Toulouse