Lancé en 1998 par l’Ambassade de France et l’Alliance Française de Lima, le prix national d’arts visuels « Passeport pour un artiste » reste aujourd’hui le seul prix professionnel dans le domaine des arts plastiques au Pérou. Chaque année, il récompense, à l’issue d’une exposition collective, un artiste qui se voit offrir une résidence de 3 mois à Paris, à la Cité des arts, grâce au soutien précieux de l’Institut français.
Afin de célébrer dignement ce 20e anniversaire, le délégué général au Pérou avait invité le ministre de la Culture, Salvador del Solar, à inaugurer avec lui l’exposition collective, consacrée au « ready-made », en hommage aux 100 ans de Fontaine de Marcel Duchamp, cet urinoir devenu icône qui bouleversa toute l’histoire de l’art.
Depuis plusieurs mois, un dispositif spécial avait été mis en place pour accompagner les artistes finalistes et le public : invitation de Nathalie Leleu, spécialiste d’art contemporain passée par le Centre Pompidou et le Musée Picasso, pour coacher les 9 finalistes en avril puis assurer le commissariat de l’exposition collective ; composition d’un jury de haut niveau, comprenant la directrice du musée d’art contemporain de Lima et la commissaire d’art contemporain du musée national des Beaux-arts du Chili ; l’édition d’un catalogue de haut niveau avec plusieurs textes de spécialistes et de nombreuses références et illustrations permettant de mieux comprendre le ready-made et ses impacts en Amérique latine ; invitation de Madame, artiste parisienne de street-art, pour réaliser une tournée créative dans les Alliances française au Pérou ; organisation d’une semaine entière de conférences et d’ateliers autour de l’art moderne et contemporain et de Marcel Duchamp, etc.
Le jour venu, c’est Sebastian Quispe qui a remporté les suffrages du jury, avec une installation en triptyque, « Objets de persistance », venue ré-esthétiser le ready-made duchampien. Dans une claire allusion à l’atelier new-yorkais de Duchamp, l’artiste a su s’emparer des codes de plusieurs époques et de plusieurs styles d’objets, pour les mêler en un ensemble harmonieux qui ne niait pas leur dimension esthétique et leur permettait de se faire écho. Un effort salué par la presse péruvienne et qui lui permettra de s’envoler pour Paris avant de présenter sa propre exposition dans la galerie de l’Alliance Française.
Yohann Turbet Delof, directeur de l’Alliance Française de Lima et délégué général de la Fondation Alliance Française au Pérou