Le Bangladesh est un petit pays très peuplé qui dégage une énergie insolente ! Pour le dernier projet sur Fonds Culturel Franco-Allemand, l’Alliance Française de Dhaka et le Goethe-Institut ont proposé à des étudiants de plancher sur une idée simple : proposer une utilisation innovante de la fibre de jute dont la production est déclinante et produire des meubles en composite de jute avec un procédé qui pourrait soutenir la filière. Le résultat est éclatant !
Grâce à des projets de meubles qu’ils avaient soumis pour le concours, 8 étudiants ont été sélectionnés pour participer à une semaine d’atelier menée par un jeune designer français Antoine Gripay, du Studio Katra à Nantes. Aidé de techniciens de l’ONG (organisation non gouvernementale) Gold of Bengal -le surnom donné au jute est ici l’or du Bengale– Antoine a conduit les jeunes designers à finaliser deux projets de meubles inspirés des objets du quotidien mais intégrant un procédé innovant, le moulage de composé résine-fibre. Ici, la fibre de verre habituellement employée est remplacée par la fibre de jute, qui fit la prospérité du Bangladesh jusqu’aux années 80.
Si on pense à la toile de jute, on est très loin de la qualité perçue des prototypes qui ont été réalisés. Difficile au premier regard de penser que les prototypes exposés dans la nouvelle ambassade franco-allemande sont faits de fibre de jute. On penserait plutôt à de la fibre de carbone ou de kevlar.
Les deux projets développés, un fauteuil et deux tables basses, sont inspirés de l’environnement quotidien de Dhaka. Le Rick Chair est inspiré de la forme accueillante du rickshaw, ce vélo-triporteur essentiel aux déplacements des Dhakaites et dont on dit qu’ils sont 4 millions à sillonner quotidiennement les rues de la capitale. L’autre projet Kathia Table s’inspire des tabourets modulaires présents dans tous les foyers traditionnels. On les utilise seuls, on les combine par 2, par 4 par 6, côte à côte ou empilés, une modularité qui les fait passer de tabouret à lit d’appoint ou étagères.
Le jute -la plante- est produit dans une grande partie du Bangladesh. L’ONG Gold of Bengal a posé ses marques à Atroshi, un ville à une centaine de kilomètres de Dakha, sur le rive sud du fleuve Padma (Gange en Inde). Le volet recherche de l’ONG, JuteLab travaille sur des applications de la fibre de jute dans l’industrie. Ils produisent du non tissé de jute et se fournissent en tissus auprès des usines locales de filage. A ces matières premières ils adjoignent diverses résines pour produire un matériaux rigide, solide et waterproof. Parmi leurs réalisations, un bateau qui a navigué jusqu’en France, des surfs, des canots de sauveteurs, des skates et quelques meubles.
Le projet a intéressé l’un de deux plus gros producteurs de meubles du pays. Otobi envisage des productions en petites séries de meubles haut de gamme, flattant l’œil mais aussi les racines profondes bangladaises. La cérémonie de présentation des prototypes s’est faite dans les nouveaux locaux de la première ambassade Franco-Allemande, juste après l’aménagement des deux missions. Le ministre de la Culture a souligné dans son discours l’importance symbolique de ces réalisations vissées à l’histoire du pays mais tournées vers l’avenir. L’avenir du pays sera peut être porté par le jute, son utilisation dans le bâtiment, la lutte contre l’érosion ou encore des meubles. Les deux ambassadeurs ont loué la pertinence du projet, basé sur les mêlant intimement racines culturelles et l’innovation. L’expertise franco-allemande à l’appui de nouvelles pistes de développement et de rencontres, c’est l’esprit des projets franco-allemands en pays tiers.
La présentation à la presse a donné lieu à une médiatisation large du projet sur tous types de médias, TV, presse papier ou électronique.
Favoriser les relations entre patrimoine local et innovation, échanger sur les valeurs et les visons d’avenir, c’est ce que ce projet initié par l’Alliance a réussi a mettre œuvre.
Bruno Plasse, directeur, Alliance Française de Dhaka
-juillet 2017-