Pas d’âge pour tomber amoureux d’une langue : le portrait d’un cours de français pour enfants au Manitoba, dans la prairie canadienne.
Lorsqu’il a débuté ses cours de French for Preschoolers à l’Alliance française du Manitoba, le petit Theo Bond-Price, 3 ans, avait de l’appréhension. Sa mère, Lindsey Bond, raconte qu’à l’époque, il insistait pour y assister avec son raton-laveur en peluche.
«Au début, je ne dirais pas que c’était facile, se souvient-elle. Il avait peur, je le sentais nerveux. Je devais souvent prendre quelques minutes pour le rassurer avant le début du cours. L’expérience était nouvelle pour lui et on ne s’adressait pas à lui en anglais, sa langue maternelle.»
L’attitude de son fils a cependant changé depuis juillet 2016, date à laquelle il a entamé son apprentissage du français. Maintenant, le cours hebdomadaire de Theo est pour lui un moment culminant de la semaine.
«Je le vois progresser très rapidement et je pense qu’il le remarque aussi chez lui-même, raconte sa mère. L’autre jour, nous étions au parc et il a entendu une famille parler français. Tout de suite, il s’est précipité vers eux pour leur dire un beau grand bonjour et pour leur demander comment ça va.»Pour Lindsey Bond, la découverte de ce cours s’est avérée un soulagement. Depuis presqu’un an, elle cherchait activement un cours semblable à Winnipeg, la capitale manitobaine.
«J’avais vraiment beaucoup de difficulté à trouver un cours pour les tout-petits. Au Manitoba, l’école d’immersion est souvent la seule solution pour les parents francophiles qui veulent familiariser leurs enfants avec la langue française. Et à ce moment-là, ils ont déjà 5 ou 6 ans. Le plus tôt, le mieux.»
Dans une province où 3,5% de la population parle français (Statistiques Canada, 2011), il était important pour Lindsey que son fils s’expose à la langue de Molière.
«La communauté francophone dans cette province est petite mais dense et extrêmement éclectique. Je veux que mon fils soit plus tard capable de naviguer dans les courants artistiques et culturels de Winnipeg.»
Un autre aspect positif du cours pour enfants, selon elle : la formation de nouvelles amitiés. Theo s’est déjà fait plusieurs nouveaux amis avec lesquels il peut pratiquer son français. Parmi eux, il y a Nicole et Lucas Almiron, 5 et 3 ans respectivement. La mère des deux enfants, Maria Patino, comprend l’importance de préserver sa culture et d’en explorer d’autres.
«Je suis arrivée du Paraguay il y a longtemps maintenant et nous parlons souvent espagnol à la maison, explique-t-elle. Mais là, nous envisageons de rester au Canada pour de bon, et ici, il y a deux langues officielles. Le Français est moins parlé que l’anglais, mais la valeur de cette langue est tout aussi importante. Je veux que mes enfants aient accès à autant d’opportunités que possible dans ce pays.»
Katy Hedalen-Shariff, mère du petit George-Antony, sait d’expérience à quel point le français peut ouvrir les portes d’un avenir vif, notamment au niveau professionnel. Elle a fréquenté différentes écoles d’immersion lors de ses études primaires et secondaires; un parcours dont elle a profité. Elle espère que le cours de French for Preschoolers puisse ouvrir une voie semblable pour son fils.
«Il ira à l’école d’immersion, et je remercie l’Alliance française du Manitoba pour lui permettre cette transition, dit-elle. Quelle belle introduction à la langue! En plus, il a accès à des douzaines de livres, de films et de disques. Il adore déjà les bandes-dessinées classiques de la France, il a toujours le nez dedans.»
Les raisons d’inscrire un enfant à un cours de langue sont diverses, que l’on parle de la création d’amitiés, de l’adaptation culturelle, ou encore de la clé des emplois. Mais une chose est sûre, et tous les cas ici décrits le prouvent : il n’est jamais trop tôt pour commencer à apprendre le français, ni pour tomber amoureux de cette merveilleuse langue.
Katrine Deniset, chargée de mission à Alliance Française du Manitoba