L’Alliance Française de Durban (AFD) a entrepris dès la fin 2014 une réflexion sur le bâtiment qu’elle occupe et les hauts murs d’enceinte l’entourant. Ce type d’architecture, représentatif de la période post-apartheid pendant laquelle il fallait se « protéger » et vivre « séparés », est très éloigné de l’esprit véhiculé par les Alliances Françaises : ouverture, partage et échanges. Ce modèle urbain ultra-sécuritaire a des effets néfastes sur la façon dont est perçue l’Alliance de Durban, trop souvent encore considérée comme un club privé. Ceci est en totale contradiction avec l’accroissement de ses activités depuis plusieurs années et son ouverture sur les différentes communautés de la ville.
Cette prise de conscience et cette volonté de rendre l’Alliance Française de Durban plus visible, plus attractive (en incluant l’art comme élément central du nouveau design) ont été le point de départ du projet « Alliance sans murs ». Ce projet s’inscrit dans un partenariat et une rencontre avec la Durban University of Technology et son laboratoire de recherche Urban Futures Center. Ce dernier a initié dès 2014 un terrain d’études s’intitulant « Cities Without Walls ». Ce groupe de travail réunit des sociologues, architectes, criminologues et agents de police. Leurs recherches ont démontré que les hauts murs ne favorisent en rien la sécurité, au contraire, ils isolent, divisent et représentent un problème pour la police en cas d’intervention, devant intervenir à l’aveugle et ne voyant pas ce qui se passe à l’intérieur.
L’année 2015 a été consacrée à évaluer la faisabilité du projet, en multipliant les consultations, les ateliers et en partageant le concept avec les usagers de l’Alliance, le voisinage et l’équipe de l’AFD. Tous ont unanimement soutenu l’idée. La presse a très rapidement relayé l’information et a fait preuve d’un réel enthousiasme. Un comité de pilotage a été mis en place (réunissant des professionnels, le comité de l’Alliance et des membres de l’équipe). L’Alliance a pu compter sur le soutien du Council for Scientific and Industrial Research, basé à Pretoria, qui avait suivi un projet similaire pour le Goethe Institut de Johannesburg en 2009. La municipalité de Durban a très rapidement montré son intérêt pour le projet et l’impact que celui-ci pourrait avoir dans le voisinage immédiat de l’AFD et même au-delà.
En effet, l’Alliance Française de Durban est située en face d’un parc municipal. Ce parc est peu utilisé, principalement pour des raisons de sécurité. Il a été proposé d’inclure à ce projet l’animation du parc en créant un lien naturel avec l’Alliance et ses activités.
Vincent Frontczyk, directeur, Alliance Française de Durban