Le lancement de la saison culturelle 2016 de l’Alliance française du Guatemala a donné lieu, le 3 février dernier, à la présentation d’une exposition originale du photographe guatémaltèque de renommée internationale Daniel Hernandez-Salazar.
Sous le titre Guatemala se re(v)bela (le Guatemala se révèle, se rebelle), l’exposition a réuni, dans la galerie d’art de l’Alliance française, une série de 63 dyptiques photographiques en noir et blanc présentant les corps d’hommes et de femmes habillés puis nus. Les modèles sont inscrits dans un espace neutre en angle, en référence explicite au travail d’Irving Penn qui a utilisé ce type de montage – ce qui permet au photographe d’acquérir un certain volume, des jeux d’ombre et de lumière et d’isoler le protagoniste, de l’enserrer pour mieux le révéler.
Le même dispositif déroulé ad libitum et déployé en une suite impressionnante, donne à l’ensemble toute sa force et son unité, malgré la singularité de chaque corps, de chaque pose, de chaque visage, de chaque expression.
Un appel lancé par l’artiste sur Facebook avait permis, au préalable, la participation de modèles non professionnels majeurs sans discrimination d’âge, de genre, d’origine ou de profession. Photographiés seuls ou en couples, réels ou imaginaires, les dizaines de personnes qui ont répondu à l’invitation de l’artiste, ont entre 18 et 69 ans, sont hétéros ou gays, l’une d’entre-elles est transgenre. Certains sont artistes, plasticiens, danseurs ou musiciens. D’autres sont étudiants, sportifs, employés, entrepreneurs, enseignants, activistes ou exercent des professions libérales.
Le propos du photographe est bien, comme le souligne Oscar Maldonado dans le texte d’introduction de l’exposition, de confronter la société conservatrice du pays à des formes alternatives d’expression, de s’opposer aux stéréotypes, de questionner le standard physique idéal et également la manipulation dont ce standard est souvent l’objet.
Jean-Hugues Simon-Michel, ambassadeur de France au Guatemala a présidé la cérémonie d’ouverture en compagnie du ministre de la culture et du vice-ministre, du Directeur de l’Alliance française et du président de son comité directeur ainsi que de divers représentants du corps diplomatique devant un public de plus de 650 personnes.
Un cabaret littéraire dédié à la poétesse guatémaltèque Carolina Escobar Sarti et à l’ouvrage Journal d’un corps de Daniel Pennac, ont été également organisés à cette occasion. Un colloque sur le thème du corps dans l’art contemporain présenté à l’école d’histoire de l’université publique San Carlos a, par ailleurs, permis de réunir, outre l’artiste et quelques-uns de ses modèles, des universitaires français et guatémaltèques et de traiter la question d’un point de vue artistique, sociologique, philosophique et anthropologique.
Le succès public et médiatique remporté par ces manifestations, 2150 personnes au total, dont 170 participants au colloque, est certainement dû à la qualité du travail présenté et la renommée du photographe, chevalier des arts et lettres, glyphe d’or de la Biennale d’art Paiz et titulaire de nombreux Prix pour le contenu humanitaire de son oeuvre, laquelle a été exposée en France, en Belgique, en Espagne, aux États-Unis et en Asie. Il montre également la mutation opérée par la société guatémaltèque, depuis les manifestations de mai 2015.
Marc Sagaert, directeur de l’Alliance française du Guatemala, délégué général de la Fondation pour l’Amérique centrale.