Tout quitter pour partir vivre ailleurs ?
L’idée vient à de nombreux couples. Dans les faits, cela a été et cela demeure, davantage une aventure professionnelle masculine. Car ce sont en grande majorité les femmes qui mettent leur carrière en suspens pour suivre leur conjoint. Les femmes qui se voient proposer un poste à l’étranger sont pour la plupart célibataires. Pour celles qui sont déjà en couple, leur conjoint suit rarement par peur de ne pas trouver de travail, de devoir rester au foyer et de devenir dépendant. Mais, il s’avère que depuis ces dernières années, dans le cadre des études supérieures, des stages à l’étranger sont imposés et de plus de plus de femmes misent sur la case internationale pour doper leur carrière. L’expatriation semble ne plus être l’apanage des seuls hommes. Les plus jeunes générations ont compris que l’international est un tremplin pour leur avenir professionnel. Plus de la moitié des étudiants à l’étranger sont des étudiantes. Une fois entrées dans la vie active, les plus diplômées sont les plus enclines à sauter les frontières.
Nous avons demandé à Gérald Candelle, responsable du recrutement et du développement des ressources humaines à la Fondation Alliance française, de nous dire s’il a constaté cet engouement féminin pour l’expatriation dans la société française, et de nous parler de la situation dans le réseau des Alliances françaises.
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Gérald, pouvez-vous nous dire si vous recevez beaucoup de candidatures féminines à des postes de responsables d’Alliances françaises ?
Les candidatures féminines sont en effet de plus en plus fréquentes même si en volume elles restent encore moins nombreuses que celles des hommes.
À titre indicatif, les statistiques du ministère pour l’ensemble du réseau culturel révèlent un taux de 45% de candidatures féminines pour un taux de nomination de 41% (stats 2015 portant sur plus de 13 000 candidatures).
- Actuellement, combien y-a-t-il de femmes détachées dans notre réseau ? Connaissez-vous la progression depuis ces 10 dernières années ?
À ce jour, sur plus de 280 postes d’expatrié dans le réseau des AF (volontaires internationaux compris), nous comptons 46% de femmes pour 54% d’hommes. Nous nous rapprochons donc peu à peu de la parité. Par comparaison, en 2006, la proportion était de 34% de femmes pour 66% d’hommes.
Même si la présence des femmes demeure la plus forte sur les postes de Volontaires internationaux (74% des effectifs), elles sont plus nombreuses que par le passé à accéder à des fonctions de direction ou d’encadrement dans le réseau, en progression de 14% sur 10 ans.
Une illustration parmi d’autres est la proportion de femmes DG qui animent aujourd’hui un réseau d’Alliances. De 3 femmes (sur 39 DG) en 2006, on est passé à 10 (sur 43 DG). Tour cela va donc dans le bon sens.
- Pouvez-vous en donner une explication ?
Les métiers du FLE et de la culture attirent généralement une population plus féminine, ce n’est pas là une idée reçue. Mais force est de constater que les femmes sont plus enclines à faire des efforts de formation afin de mieux se préparer à des fonctions d’encadrement. Le fait est qu’elles bénéficient souvent d’une expérience moindre que celle des hommes dans ce domaine.
- Qu’en est-il de leur statut, ces femmes qui partent, sont-elles célibataires, en couple, avec des enfants ? Les conjoints suivent-ils plus facilement qu’avant ?
La plupart des femmes sont célibataires et/ou partent seules. Et même dans des couples déjà bien installés, il n’est pas rare de voir des candidates désireuses de s’expatrier en laissant derrière elle un enfant étudiant à l’université et un mari en activité. On le sait, la situation du conjoint et son intégration dans le pays d’accueil sont des facteurs déterminants dans la réussite d’un séjour prolongé à l’étranger. Beaucoup de couples y regardent donc à deux fois avant de s’engager sur un projet aussi lourd de conséquences.
- Pour les femmes seules, certains pays sont-ils déconseillés ?
Certains pays n’accordent pas du tout à la femme la même place que celle qu’elle occupe dans notre société, c’est peu de le dire. Quant à la parité, on se demande même si le concept trouve une traduction dans leur langue officielle.
Mais les candidates restent tout à fait lucides quant à leur capacité d’adaptation et à leurs aspirations tant professionnelles que personnelles. Je constate que certaines n’hésitent pas à se porter plus souvent volontaires que les hommes sur des postes difficiles (du fait de l’isolement ou de la dureté des conditions de vie locales).
A la Fondation, sur les 18 personnes qui y travaillent : 13 femmes/5 hommes (stagiaires incluses).
Propos recueillis par Florence Castel, Communication, Fondation AF – mars 2016